Le fonds a connu de nombreuses manipulations, puisqu’il a été consécutivement traité par quatre institutions: l’agence Perret, le CNAM, les Archives nationales et enfin, en plusieurs temps, l'Institut français d’architecture (puis Cité de l’architecture et du patrimoine; ci-dessous toujours 'Ifa').
Les évolutions du référencement doivent être développées ici dans le détail, dans la mesure où chacune ajoute une strate au système actuel de cotation. Depuis 2008, on peut cependant considérer que les complexités qu'avaient ajoutées les interventions des Archives nationales (parfois impossible à intégrer dans un système de base de données) ont été supprimées au profit d'un système plus homogène reposant sur deux niveaux de référencement seulement: les cotes CNAM à la pièce, et un système de cotes aussi proche que possible du système standard du centre d'archives de l'Ifa.
I. HISTORIQUE DU CLASSEMENT
1. Référencement au CNAM, années 1960
Le CNAM a référencé et tamponné la quasi-totalité des documents graphiques conservés à plat ainsi qu’une sélection importante des photographies, en respectant rigoureusement l’état de classement initial du fonds.
Le système de cotation du CNAM intègre un identifiant de projet : constituée de 3 séquences, la cote comporte sucessivement deux chiffres indiquant l’année de début du projet (par exemple 38 pour 1938), puis un numéro d’ordre dans l’année de référence (par exemple 4 pour le 4e projet commencé dans l’année 1938), et enfin la séquence numérique (mais alphabétique ou alphanumérique pour les photographies) identifiant le document par rapport à l’ensemble des documents du projet. Exemple : CNAM 38-04-35 = 35e document du 4e projet commencé en 1938.
Ce référencement impliquait l’existence d'un inventaire pièce à pièce des documents cotés (documents graphiques et nombreuses photographies), mais le CNAM n'avait rien transmis de tel avec le fonds; ce n’est qu’en 1997 que Régis Marin, archiviste du CNAM, a retrouvé des listes dactylographiées de tous les documents graphiques référencés et décrits à la pièce (mais rien d'équivalent pour les photographies). Il semble en tout cas – à moins qu’une partie de l’inventaire ait été perdue – que les écrits, plans pliés et autres documents classés en boîtes n’ont jamais été décrits au CNAM.
2. Classement et cotation aux AN, 1989-1992
Recevant le fonds en dépôt du CNAM en 1989, les Archives nationales (service des Cartes et plans) ne semblent pas avoir touché à l’agencement des dossiers effectué par le CNAM. En revanche, les dossiers de documents graphiques ont été regroupés dans de grands portefeuilles cotés dans la sous-série 535 AP 'fonds Perret' – comme l’ensemble des boîtes du fonds –, tous ces articles étant décrits de façon sommaire dans l’inventaire des AN. Les AN n’ont pas tenu compte des cotes CNAM (aucun rappel dans le corps de l’inventaire), et n’ont pas mis en question la définition des entités projets que ces cotes constituaient.
Les AN ont donc effectué la première cotation et description, sommaire mais complète, des boîtes d'archives.
3. Nouvel inventaire à l'Ifa, 1992-2000
Lorsqu'il a, à son tour, reçu le fonds en dépôt des AN en 1992, l’Ifa en a entrepris une lecture nouvelle, avec l’ambition d’en établir un catalogue raisonné. Jusqu'en 1996, l’inventaire devait être publié dans la collection «Archives d’architecture» (Architectural Archive Series) de Garland Publishing, où chaque document est illustré par une vignette. Une subvention de la fondation Getty a permis, entre 1993 et 1995, d’entreprendre des recherches approfondies auxquelles ont participé les documentalistes du Centre (Sonia Gaubert et Rosine Cohu) et plusieurs chercheurs et historiens.
Il s’agissait notamment de mettre en évidence la spécificité de ces archives, tout à la fois archives d’un architecte (Auguste Perret) et d’une entreprise (Perret frères), et de préciser la nature des interventions effectuées au sein de l’entreprise, qui parfois ressortissaient aux compétences d’un bureau d’études techniques en béton armé, parfois à celles d’un entrepreneur en construction. Ces distinctions n’avaient encore jamais été tentées, ce qui entraînait quelques confusions historiques. Désormais, Auguste et Gustave Perret sont qualifiés d'auteurs des œuvres dans les chapitres C («Projets datés») et D («Projets non datés»), mais non dans le chapitre E («Travaux de l’entreprise Perret»); l’entité Perret frères, dans les chapitres C et D, est citée tantôt en tant que BET, tantôt en tant qu’entreprise principale. On s’est également efforcé de clarifier quelques dossiers confus quant aux projets qu’ils documentaient et de rectifier certaines erreurs d’identification. Il demeure cependant quelques incertitudes (identifications douteuses).
Suivant ses usages, l’Ifa a entrepris de présenter le fonds selon une logique de projets, en informant au mieux ce niveau (noms des protagonistes, dates, lieux, programme, etc.). Enfin, on a tenté d’organiser les documents « hors projets » (« pièces personnelles ») en entités signifiantes et articulées. Si les dossiers écrits relatifs aux projets sont souvent lacunaires, le fonds s’est avéré d'une extrême richesse en documents illustrant le contexte socio-professionnel dans lequel évoluait l’agence, et les relations qu’Auguste Perret entretenait avec son milieu et son époque. On y trouve notamment une abondante correspondance et des dossiers de presse fournis.
Le travail de l’Ifa – réalisé par étapes et avec la participation de nombreux intervenants – a été compliqué par la contrainte d’abord imposée (comme dans les deux institutions précédentes) de respecter l’«intégrité du fonds» et les classements antérieurs, notamment afin de préserver l’organisation d’origine (possiblement signifiante) et de ne pas «perturber» les chercheurs qui avaient déjà consulté le fonds. La cotation 535 AP devait donc être conservée. Mais cette restitution intellectuelle d'une organisation logique (inventaire méthodique) à partir d’un fonds physiquement structuré autrement – et parfois complètement déstructuré – s'est révélée très délicate. Avant de publier l'inventaire méthodique («Les Frères Perret, l’Œuvre complète», éd. Norma, 2000), on a donc pris le parti de reclasser intégralement les boîtes d’écrits et de photographies, car la dispersion complète des documents se rapportant aux entités projets entraînait des lourdeurs, tant pour la gestion que pour la consultation, et des risques pour les documents.
Les cotes données aux boîtes d’archives aux AN (535 AP 101 à 350) ont alors été supprimées; ces boîtes portent aujourd’hui les cotes 535 AP 400 à 649 pour les écrits, 535 AP 650 à 675 pour les photographies. Les références 535 AP n'ont donc été préservées que pour les documents graphiques.
«L’Œuvre complète» fournit une table de concordance entre les anciens numéros CNAM (au niveau de l’identifiant projet), les références articles attribuées par les AN (sous-série 535 AP) et les 'références projets' actuelles (en fait numéros de notices de 'L’Œuvre complète').
4. Numérisation partielle et intégration à la base de données, 2000-2008
Ni l’inventaire ni la table publiés dans «L’Œuvre complète» ne sont plus aujourd’hui complètement valables. En effet, entre la parution de l'ouvrage (2000) et le présent inventaire, trois opérations importantes ont été menées :
a) En 1999-2000, en vue d'une opération de microfilmage et de numérisation portant sur la totalité des documents graphiques des projets principaux (une bonne centaine de projets, soit la plupart de ceux dotés d’une notice historique dans L’Œuvre complète), le contenu de chaque dossier de documents graphiques a été à nouveau décrit méthodiquement, en restituant au mieux la logique opérationnelle du projet; les documents correspondant à chaque alinéa descriptif ont été conditionnés dans des chemises (laissées à l’intérieur des dossiers d’origine). Ces chemises ont été dotées d'une référence constituée de deux séquences : numéro de projet (= numéro de notice dans «L’Œuvre complète» et dans l’inventaire actuel) + numéro de chemise par rapport au projet. Ce travail, qui ne portait que sur une sélection de projets, a créé une certaine hétérogénéité des descriptions dans l’actuel instrument de recherche (les descriptions des projets non concernés par l’opération correspondent toujours à celles publiées dans «L’Œuvre complète»).
b) En 2003-2004, l’ensemble de l’inventaire a été intégré dans la base de données ArchiVecture, ce qui a entraîné de nouvelles modifications des cotes, touchant les dossiers de documents graphiques (jusque-là sans changements depuis le classement des AN). Ces références, si elles permettaient de retrouver physiquement un dossier, n’avaient souvent pas le caractère d’univocité qu'exige une base de données. Le référencement adopté par les AN se faisait au niveau du conditionnement (un numéro de cote, par exemple 535 AP 1, désignait un portefeuille contenant plusieurs chemises CNAM, une ou plusieurs par projet). Dans l’inventaire publié («L’Œuvre complète»), l’Ifa avait déjà ajouté une séquence au numéro de sous-série (par exemple 535 AP 1/1) afin de distinguer les projets entre eux. Il pouvait y avoir dans un même portefeuille plusieurs dossiers concernant un même projet et donc plusieurs dossiers portant la même cote AP distingués par les cotes extrêmes de documents (cotes CNAM). On a donc créé un système de référencement uniforme, désignant chaque dossier de façon univoque, en modifiant la deuxième séquence du numéro de sous-série : par exemple la cote 535 AP 5/1 a été scindée en 535 AP 5/100, 535 AP 5/101, 535 AP 5/102, etc. Ces modifications ont été signalées systématiquement dans le champ Commentaires de l'Objet.
c) En 2008, le système de cotes des pochettes de documents graphiques a été radicalement simplifié:
- les chemises créées en 1999 sont devenues les 'dossiers' et leurs numéros (jusque-là un niveau supplémentaire inférieur aux cotes) sont devenus les cotes d'archives proprement dites. Ce qui était la chemise 60/3 à l'intérieur du dossier 535 AP 4/4 (objet PERAU-60) est devenu la cote 535 AP 60/3, conformément au système de cotation en usage au centre d'archives de l'Ifa.
- les pochettes ont été rangées systématiquement dans l'ordre des projets, rectifiant quelques anomalies qui remontaient sans doute à des dossiers non classés ou déclassés dans l'agence Perret. Cependant, les formats des pochettes ont pris le pas sur la logique de projet: la plupart des pochettes ayant un format 50 x 65 cm (un demi-tiroir), toutes les pochettes plus grandes sont désormais rangées et cotées dans une série à part.
Il faut souligner que, malgré cette longue série d’interventions, les cotes d’origine des documents, c’est-à-dire celles données par le CNAM aux documents graphiques et à certaines photographies, ont été conservées. On a d’ailleurs systématisé ce référencement : ainsi, dans la nouvelle description de 1999, on a créé pour les documents graphiques non cotés de nouvelles «cotes CNAM» (c'est ce que signale, dans l’inventaire, la mention «documents cotés a posteriori»). De même pour les photographies, reconditionnées en 2004.
Il faut enfin mentionner l'intégration dans le fonds à l'Ifa en 2006 – avec statut de «Documentation annexe» – d'une centaine de photographies d'œuvres de Perret en provenance des studios Chevojon. Il s’agit, pour la plupart, de tirages récents de clichés déjà présents dans le fonds.
II. MESURES DE CONSERVATION; COTATION ET CONDITIONNEMENT
1. Le médiocre conditionnement des plans à plat – souvent pliés, dans de grandes pochettes – est resté celui réalisé par le CNAM (qui, avec des moyens limités, a permis la sauvegarde du fonds dans les années soixante), ou même, plus probablement, le conditionnement de l'agence Perret. Déplier l'ensemble des documents pour les conserver non pliés serait extrêmement cher et extrêmement risqué.
Cependant, quelques dizaines de documents ont été restaurés depuis 1995 et donc dépliés, en général sous une nouvelle cote en 535 AP 900 et au-delà (format tiroir standard) ou en 535 AP 800 et au-delà (format grand tiroir).
2. En 1999, un certain nombre de documents originaux jugés précieux (notamment des dossiers de correspondance, ou des croquis signés de noms connus) ont été mis à l’abri du vol, et remplacés dans les boîtes d’origine par des photocopies.
3. L’opération de microfilmage et de numérisation mentionnée plus haut avait pour objectif la fabrication d’un outil de consultation sur écran de tous les projets sélectionnés (les seuls couramment consultés), afin de préserver ces originaux mal conditionnés, déjà très sollicités par deux générations de chercheurs. Cet objectif pourra être atteint après les modifications de l'inventaire successives de 2004 et 2008, et sous réserve de créer un module de consultation.
Cotation et conditionnement:
- 535 AP 001-383 : pochettes de documents graphiques ou de photographies au format demi-tiroir (50 x 65 cm);
- 535 AP 400-612 : boîtes d'archives (jusqu'à 26 x 37 cm) (cotes vacantes : 535 AP 538, 539);
- 535 AP 650-666 : boîte(s) de doc. (jusqu'à 26 x 37 cm);
- 535 AP 700-711 : grands registres;
- 535 AP 750-752 : boîtes à rouleaux;
- 535 AP 780 : photographies (format 40 x 50 cm);
- 535 AP 800 à 815 : pochettes de doc. de très grand format (> 90 x 125 cm);
- 535 AP 900 à 948 : pochettes de documents de grand format (tiroir entier, < 90 x 125 cm).